Le secteur du bâtiment est-il en crise ?
De nombreuses entreprises de BTP (Bâtiment et Travaux Publics) déclarent craindre un trou d’air en 2021 du fait de la Covid 19. Or, ce secteur emploie plus de 1,1M de personnes en France. L’impact d’une baisse importante de la construction sur l’économie serait donc catastrophique.
Mais le secteur du bâtiment est-il vraiment en crise ?
Une chute moins brutale que prévue
La Fédération Française du Bâtiment (FFB), la principale organisation professionnelle du secteur, se veut rassurante. Elle estime ainsi que la chute annuelle est moins brutale que prévue. Elle tablait sur moins 18% en juin et part finalement sur une baisse comprise entre 12 et 15%.
L’impact du second confinement
Le bâtiment mis à l’arrêt lors du premier confinement en mars a continué à fonctionner , lors du second confinement et n’est pas concerné par les couvre-feux. Ainsi, les FFB Grand Paris et Ile-de-France ont noté que 14% des chantiers étaient à l’arrêt en novembre contre plus de 90%, lors du premier confinement, les arrêts actuels étant principalement dus à une réticence des particuliers à réaliser des travaux chez eux et à des salariés souffrant de problèmes de santé et absents car positifs à la covid ou déclarés cas contact.
Cependant, la Banque de France note que, le second confinement « aura un impact moins profond mais plus durable » sur l’ensemble de l’économie française. Le secteur du BTP risque donc d’être touché par une dégradation généralisée du climat des affaires.
Un secteur tiré vers le haut par la rénovation énergétique
Les entreprises du bâtiment fondent de grands espoirs sur le dispositif MaPrimeRénov, dont les critères d’attribution ont été élargis dans le cadre du plan de relance. Le secteur de la rénovation représente 50% du chiffre d’affaire des sociétés et artisans du bâtiment.
Une commande publique à la peine
Le niveau des appels d’offres continue de baisser (-27% entre janvier et septembre 2020). Cela s’explique par la période électorale plus longue que prévue du fait du report du 2nd tour des municipales et par la prudence liée à la crise sanitaire. Les grands chantiers financés par l’Etat continuent d’être lancés mais les TPE/PME ont surtout accès aux commandes des collectivités locales. Or, ce sont ces petites entreprises qui déclarent le plus avoir des problèmes de trésorerie.
La construction neuve, des perspectives contrastées
La construction de maisons neuves semble se maintenir. En revanche, le secteur du logement collectif est durement impacté par la crise sanitaire et par la crise économique en découlant. Ainsi, la promotion immobilière a connu une chute supérieure à 30% au 1er semestre et les professionnels du secteur n’attendent pas d’embellies avant le 2nd semestre 2021.
Le tour de vis sur le crédit immobilier
Le secteur du tertiaire connaît un infléchissement. Tout comme dans le secteur de l’industrie, les entreprises du tertiaire revoient leur manière d’organiser le travail. Les grands espaces de travail risquent de ne plus être la norme dans les prochaines années.
Des interrogations concernant l’immobilier de bureaux
Les préconisations du Haut conseil de stabilité financière (HCSF) ont réduit l’accès au crédit immobilier, notamment pour les jeunes primo-accédants. Ainsi, le taux d’endettement ne doit pas dépasser 33% et la durée d’emprunt est limitée à 25 ans. La FFB demande un assouplissement de ces critères. Mais même en dehors de toutes préconisations du HCSF, les établissements financiers font actuellement preuve d’une grande prudence, vu les incertitudes du marché.
L’emploi peu impacté pour le moment
Les entreprises du bâtiment se sont peu séparées de leurs salariés. Et, le BTP continue à accueillir de nombreux apprentis car il est nécessaire de préparer le renouvellement des équipes. Et jusqu’au 28 février 2021, les entreprises signant des contrats d’apprentissage bénéficient d’une aide de l’Etat. En revanche, les emplois intérimaires ont servi de variable d’ajustement.