Confinement et santé des travailleurs

Une étude réalisée juste avant le second confinement a révélé qu’environ 50% des salariés sont en détresse psychologique et que les arrêts maladie de longue durée sont à la hausse. Mais la santé mentale n’est pas la seule impactée par la crise sanitaire. Les troubles visuels et les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) sont également en hausse.

Crise sanitaire et risques psychosociaux des salariés

Dans un avis du 27 juillet 2020, le conseil scientifique Covid-19 exhortait les entreprises et les pouvoirs publics à prendre en compte les Risques Psychosociaux (RPS) engendrés par la crise sanitaire actuelle. Les psychologues s’alarment de la multiplication des syndromes dépressifs. Les télétravailleurs ont notamment des difficultés à séparer la sphère privée et la sphère professionnelle.

Par ailleurs, le manque de relations sociales pèse sur le moral, certains ressentant même un sentiment d’abandon. Et, la charge mentale est en augmentation pour tous et particulièrement pour les personnes devant concilier leur vie professionnelle avec la gestion des enfants (fermeture de classe, plus de garde par les grands-parents pour certains, absence d’activités extra-scolaires…). Dans certains secteurs d’activités, le stress général est accentué par la peur de perdre son emploi et les difficultés financières parfois engendrés par le temps partiel, ou la fin des contrats précaires…

Les troubles du sommeil et les salariés

Une étude réalisée lors du premier confinement a conclu que 74% des Français se plaignent d’un mauvais sommeil contre 40% en temps normal. Depuis, la situation n’est pas revenue à la normale. Or, les troubles du sommeil ont un effet négatif sur le stress, la concentration, la mémoire et la motivation. Plusieurs facteurs expliquent cette mauvaise qualité du sommeil, en ces temps de pandémie :

  • un décalage du cycle de sommeil pour les salariés en télétravail et ceux en chômage partiel,
  • une exposition plus importante aux écrans,
  • une diminution de l’exposition à la lumière naturelle,
  • une diminution de l’exercice physique,
  • un climat anxiogène.

Les télétravailleurs et le risque TMS

Un poste de travail informatique à domicile mal adapté peut entrainer des contraintes articulaires et posturales. De nombreux télétravailleurs s’installent sur leur canapé ou sur une chaise non réglable. Très vite, des douleurs apparaissent aux poignets, aux coudes, aux épaules etc.
Ces troubles musculo-squelettiques sont parfois accentués par la suppression de la marche pour se rendre sur son lieu de travail et à l’intérieur de l’entreprise. Cette diminution du nombre de pas peut même augmenter le risque cardiovasculaire.

Une dégradation de la santé visuelle

Depuis le début de la crise de la Covid 19, l’usage des écrans est en forte hausse. Cette hausse concerne la vie privée mais également la vie professionnelle. De nombreuses réunions se tiennent désormais en visioconférence et les télétravailleurs ont souvent des écrans d’ordinateur plus petits. Les conséquences sur la santé visuelle sont multiples : migraine, vision trouble, rougeur, picotement etc.

Une explosion des addictions

La solitude et l’ennui favorisent les conduites addictives. Les consommations d’alcool, de tabac, de cannabis, de médicaments notamment des anxiolytiques et des somnifères pris en automédication…sont en forte hausse. La généralisation de l’emploi à domicile favorise l’addiction au travail (workaholisme).

D’après une étude du cabinet Odoxa, plus de 60% des télétravailleurs seraient concernés par ce phénomène. Le problème des addictions est particulièrement inquiétant pour les entreprises, qui sont souvent démunis pour gérer ce problème encore tabou et sur lequel elles ont peu de prise, lors du travail à distance. D’ailleurs, 72% des managers et des salariés confirment que la conduite addictive est plus difficile à aborder, dans le cadre du télétravail.

Mettre en place des outils spécifiques de management pour la santé des télétravailleurs.

Que ce soit en télétravail ou en présentiel au sein de l’entreprise, l’employeur est toujours responsable de la santé, de la sécurité et du bien-être de ses salariés.

Cette obligation est encadrée par la norme ISO 45001 qui régit les bonnes pratiques concernant la santé et la sécurité au travail : https://ohsas-18001.fr/iso-45001

Cette norme (qui a remplacé définitivement l’OHSAS 18001 en 2021) ne traite pas spécifiquement du télétravail, mais ses recommandations sont conçues pour être adaptables à tous les cas de figure.

Il s’agit donc de rédiger un nouveau document prenant en compte les spécificités du travail à domicile pour établir une procédure de suivi correspondant à cette configuration professionnelle.

L’ergonomie du poste du travail, qui commence par l’acquisition ou la fourniture d’un matériel adéquat (bureau, fauteuil, PC fixe plutôt que portable, écran suffisamment grand, etc.) est essentielle et doit être à la charge du responsable (l’employeur).

Les horaires de travail doivent être également précisés, pour éviter que les journées s’éternisent et prennent le pas sur la vie privée (notamment le soir). Par exemple, il faut strictement limiter les réponses à des emails professionnels ou aux appels téléphoniques à une plage horaire définie et correspondant à la réglementation du code du travail.